jeudi 25 septembre 2014

Les changements viendront dela Société Civile...



Le génie créateur de la société civile



Des créateurs, c’est ce que nous sommes, et nous l’avons toujours été. Le génie créateur de la société civile, quand on sait le voir, on devient capable de le nourrir et de le faire fructifier.
Voici une exposition de récolte de fruits en 1910, pour sélectionner les plus belles variétés du terroir. En regardant de près l’image qui se trouve volontairement en très grand format, il suffit de cliquer dessus, on remarque la grande diversité de la production des pommes et du raisin, au premier plan. Chaque lot est noté avec un petit bristol, pour préciser qui est le producteur, le lieu de la production et la variété exposée. Le jury n’a plus qu’à faire son travail pour sélectionner les plus beaux fruits et en récompenser leurs producteurs. Aujourd’hui, au sein des collectivités engagées dans le processus Incredible Edible, une fête est organisée au moment des récoltes pour célébrer l’abondance. Ce rassemblement attire de plus en plus de monde et devient un temps fort aussi bien pour les habitants acteurs du programme que pour leurs visiteurs extérieurs qui sont les bienvenus.

Non, non, la photo ci-dessus n’est pas celle d’une chocolaterie. C’est une exposition de la récolte des fruits du terroir, à St Louis, dans le Missouri, en 1904. Déjà, il y a plus de 100 ans de cela, on avait compris l’intérêt de valoriser la production locale. Cette dernière était source de richesse et faisait l’objet d’un sentiment de fierté pour toute la population. Quand un simple jardinier reçoit la visite de différentes personnes pour admirer son jardin et sa récolte, il est toujours heureux de partager son trésor et glisser discrètement quelques petits secrets de fabrication de ce qui fait sa réussite. On imagine facilement la force que représente la mutualisation d’une entreprise collective de la sorte à une échelle plus large, de familles en familles. Chaque créateur intervenant dans le processus de co-création trouve forcément une place pour exercer son talent. Tout offreur de talent trouve un besoin à satisfaire. Et réciproquement.

Revenons en France à présent, à Paris en 1900. On y présente l’exposition internationale de pomologie. Les premières coopérations s’organisent à partir de la société civile de l’époque. Les petits producteurs de pommes, les fermiers possédants des vergers et toutes les personnes en mesure d’apporter leur contribution à la connaissance des fruits étaient les bienvenues pour contribuer au mouvement commun de maintient et de valorisation des multitudes variétés qu’offraient les terroirs.

Exposition de la quantité de conserves de fruits et légumes nécessaire pour couvrir les besoins d’une famille de 5 personnes au cours des mois non productifs de l’année, soit environ 6 mois. Cette réflexion a été menée aux États-Unis, à l’Université de la Caroline du Nord, en 1956. (Crédit photo : NCSU Libraries). Cela donne un aperçu très clair de la quantité de production nécessaire au jardin pour atteindre le niveau d’autonomie alimentaire, en dehors de la période productive des saisonnière. En s’organisant bien, on se rend compte que l’effort à fournir pour atteindre ce niveau de production n’est pas hors de portée. Si on s’y met tous, bien entendu. Cet effort est rendu d’autant plus aisément si la famille en question mutualise son travail avec plusieurs autres familles de son voisinage direct. On imagine alors facilement, qu’au niveau d’une communauté locale plus vaste, c’est assez facile d’y arriver. C’est se qui se passe à présent à Todmorden ainsi qu’au sein des collectivités qui s’engagent dans le processus « incredible edible ».
La récolte des pommes dans les vergers, c’est faire l’expérience de l’abondance, dans la joie, en famille et avec les amis, dans un moment singulier où la nature offre tous ses trésors de saveurs, de beauté et de générosité. Les pommiers produisent de merveilleux fruits en quantité, en variété, et en qualité.
Doisneau-Cueillette-de-pommes-1945
La pomme se conserve facilement, tout l’hiver, jusqu’au retour des premiers fruits des beaux jours. Elle est délicieuse pour son jus, pour ses gelées, ses marmelades et ses délicieuses tartes. Cette photo de Robert Doisneau prise à l’automne 1945 en Alsace montre à quel point l’abondance était présente sur nos territoires il y a quelques 60 années en arrière, la plupart des routes qui reliaient les villages étaient bordées d‘immenses arbres fruitiers, au service de tous les habitants pour se nourrir. Il suffisait de ramasser.

samedi 13 septembre 2014

Interdiction des pesticides dans les espaces publics, les hôpitaux et les écoles...

Réglementation

Les espaces verts et les jardins publics bientôt libérés de la pollution des pesticides

 
 
Finis les herbicides épandus dans les parcs et les jardins publics, terminés les pesticides vendus dans les grandes surfaces. Une proposition de loi vise à interdire l’usage des pesticides par les collectivités locales et à encadrer plus strictement leur commercialisation aux particuliers. « Nous allons travailler avec les associations, les consommateurs et les jardiniers, pour faire connaître les alternatives qui existent », assure le sénateur écologiste Joël Labbé, auteur du projet de loi. 3 500 communes ont déjà banni les pesticides de leurs espaces publics.
Première utilisatrice de pesticides au niveau européen, troisième à l’échelle mondiale, la France détient un triste palmarès. Aujourd’hui, l’agriculture représente 90 % de l’utilisation des pesticides. Les 5 à 10 % restants sont utilisés par les collectivités territoriales qui épandent des herbicides sur leurs espaces verts et par les particuliers pour leurs jardins. Ces usages non agricoles des pesticides représentent environ 10 000 tonnes chaque année, avec des impacts sur l’eau loin d’être négligeables.
« Les quantités d’herbicides sont appliquées en ville sur des espaces imperméabilisés comme les voiries ou les parkings. Tout est lessivé directement vers les cours d’eau », relève Joël Labbé, sénateur d’Europe Écologie Les Verts du Morbihan. En utilisant des doses plus importantes, les jardiniers mettent aussi leur santé en danger, précise l’élu, qui a décidé de s’attaquer aux pesticides dans un projet de loi adopté le 19 novembre au Sénat. « Ce texte se concentre sur ce sur quoi nous pouvons légiférer sans délai ».
Amplifier la démarche « Zéro phyto » des communes
Le texte adopté prévoit l’interdiction, en 2020, de l’utilisation des produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts, des forêts ou des promenades accessibles au public. Joël Labbé, qui est aussi maire de Saint-Nolff (3 700 habitants), a déjà banni l’usage des pesticides dans sa commune depuis 2007. Ce qu’on appelle le « zéro phyto », sans produits phytosanitaires. Mais sa démarche s’inscrit dans un mouvement beaucoup plus vaste. « 10 % des 36 000 communes françaises approchent le zéro phyto. Ce chiffre monte même à 60 % pour les communes de plus de 50 000 habitants », précise t-il. « Nous montrons que ça marche ! »
Via cette proposition de loi, Joël Labbé espère donc amplifier ce mouvement, même si sa proposition initiale avait pour échéance 2018. « Nous avons dû faire des concessions durant les discussions pour que le texte soit voté au Sénat à une très grande majorité. Les centristes ont demandé 2020 pour se caler sur les mandatures des municipales. Si on ne cédait pas, la loi ne passait pas ». Des exemptions ont aussi été accordées pour les cimetières, les terrains de sport et les voies ferrées.
Interdire la vente de pesticides dans les grandes surfaces
La vente de pesticides « pour un usage non professionnel » – c’est à dire dans les jardineries et grandes surfaces – à destination des particuliers, sera également interdite à partir de 2022. Un pas a déjà été franchi dans les rayons des magasins Leclerc en Bretagne qui pourra peut-être faire tâche d’huile. Là-encore, l’échéance initiale portée par le groupe écologiste était 2018. Mais l’UMP, qui n' a pas voté le texte, « souhaitait attendre 2025 ».
« Attendre 2020-2022 ne va pas stimuler suffisamment l’industrie pour la production d’alternatives et surtout, cela fait peser un risque sur ce texte, qui pourrait être attaqué avant cette date », craint François Veillerette, de l’association Génération Futures, qui dénonce régulièrement la présence importante de pesticides dans les aliments. « Nous n’aurons pas à attendre, répond Joël Labbé à Basta ! Les nouvelles équipes municipales seront interpellées. Nous allons travailler avec les associations, les consommateurs et les jardiniers, pour faire connaître les alternatives qui existent et l’exemplarité des communes déjà engagées ».
Bataille législative sur les usages agricoles des pesticides
Pour accompagner cette dynamique, l’article 3 du projet de loi prévoit une étude sur les freins juridiques et économiques empêchant la commercialisation des « substances alternatives », telles que les purins de plantes. « Un amendement socialiste a demandé à ce que soient intégrés les produits phytosanitaires à faible risque. Or, on ne sait pas ce que recouvre la notion de "faible risque" et aucune liste n’est encore définie à l’échelle européenne. Il y a là une petite brèche qui est ouverte par les lobbys de l’agrochimie et pour laquelle il va nous falloir être vigilant sur la suite », souligne le sénateur écologiste.
Cette proposition de loi, qui a fait l’objet de plus de 3 000 contributions via la plateforme Parlement-etcitoyens.fr, sera soumise au vote de l’Assemblée nationale le 23 janvier prochain. Une autre bataille législative s’annonce à l’horizon : la future loi d’avenir agricole, qui devrait être discutée début 2014. « Nous travaillons pour voir comment l’on pourrait réduire les usages agricoles des pesticides, confie Joël Labbé. On s’attaque là au dur... Il va falloir batailler ferme face au milieu agricole productiviste. » La dernière tentative de réduire l’usage des pesticides date du Grenelle de l’environnement, en 2007. Il a débouché sur le plan national Ecophyto qui prévoyait de réduire de 50 % les pesticides entre 2008 et 2018. « On a assisté à une augmentation de 2,7 % entre 2008 et 2011. Il n’y a plus d’objectif de calendrier », regrette le sénateur. La majorité socialiste et écologiste fera-t-elle mieux que l’UMP en la matière ?
Sophie Chapelle
[Mise à jour] : Le Parlement a adopté le 23 janvier 2014 la proposition de loi. Outre les écologistes, les socialistes, les radicaux de gauche, l’UDI et le Front de gauche ont voté pour. Les élus UMP se sont prononcés contre ou se sont abstenus.